l’homme invisible
Friday, April 22nd, 2011, 23:19Saminsky avait beau essayer de se convaincre que son comportement ne relevait que de la superstition pure, il ne pouvait que constater les faits : à la boulangerie, au café, au restaurant, une éternité pouvait passer avant qu’il fût servi, on jasait on papotait comme s’il n’était pas là , on en laissait passer d’autres arrivés après lui — et quand on le servait, c’était comme si de rien n’était, on ne s’excusait pas du contretemps, on souriait sans arrière-pensée et, optimiste malgré lui, Saminsky en concluait que ce sourire était trop innocent pour qu’il puisse y dénoncer le moindre machiavélisme. À quoi servirait-il à quiconque de faire semblant de ne pas le voir ? À rien ; et Saminsky ne tenait pas rancune à ses semblables, il était juste rongé par la mélancolie, profondément las de lui-même, comme s’il était un homme en santé qui devait emmener partout avec lui son jumeau malade.
(extrait des bases secrètes, à paraître l’an prochain, selon toute évidence…)
April 25th, 2011, 4h58
Cette invisibilité, suivant l’état d’âme du moment, est parfois bien confortable…