à propos d’«autobiographie»…
Wednesday, August 15th, 2007, 18:52des conversations récentes, ainsi qu’un peu de saine paranoïa, me font réaliser que certains lecteurs assimilent printemps lunaire à de l’autobiographie.
a priori, difficile de penser que ce livre raconterait «ma vie»: je ne travaille pas dans le milieu du cinéma, et le dernier épisode devrait bien achever de faire comprendre que nous sommes dans le domaine de la fiction. cela dit, on peut penser que j’aurais transposé diverses choses de ma propre vie, et qu’un personnage qui s’appellerait «david morneau» serait en fait moi-même à peine déguisé, etc. donc une sorte d’autobiographie qui ne voudrait pas s’avouer telle. à la rigueur on appellera ça de l’autofiction, c’est le terme à la mode paraît-il. il faut dire que pour aggraver mon cas, le texte promotionnel annonce même qu’il s’agit d’un livre «en forme de fausse autobiographie», ce qui peut alimenter la confusion.
je me vois donc obligé de préciser certaines choses sur le thème de l’«autobiographie» (et par la bande de l’«autofiction»). d’abord que je maintiens mon intention qui est de ne pas faire d’autobiographie. franchement je ne vois pas ce qu’il y aurait à raconter. mon train de vie est routinier, je voyage peu, je n’ai que quelques amis (cela dit, tous exceptionnels). une autobiographie de moi-même serait constituée à 60% de scènes en face d’un ordinateur, et à 40% de scènes en face d’une table à dessin. oui, j’exagère, mais c’est pour vous faire rire, bande d’ingrats. il reste que «ma vie est plate au fond» (tiens, c’est diane l’hiver qui dit ça dans printemps lunaire…) et que je ne pense pas posséder ce talent (qu’ont par exemple jimmy, zviane ou iris) de transformer des épisodes ordinaires en expériences drôles ou émouvantes.
est-ce à dire que j’invente toutes mes histoires à partir de rien? évidemment non, personne ne fait ça. parfois je m’inspire de faits réels, que je transpose. je mélange souvent plusieurs personnes que je connais pour en faire un nouveau personnage. parfois, c’est moi-même que j’utilise dans une histoire, en exagérant des traits, des qualités ou des défauts.
certains pointilleux m’arrêteront là en me disant que c’est précisément cela de l’autofiction. sauf que je n’ai pas l’intention qu’on lise mes livres en pensant que ce que je raconte est, même partiellement, une histoire véritable. faire de l’autofiction, ce serait faire croire qu’il y a du vrai et du faux dans ce que je raconte, et attiser cette ambiguité exactement dans ce but. c’est un projet qui peut être intéressant mais qui personnellement m’indiffère un peu. l’ambiguité qui existe dans printemps lunaire est entre plusieurs personnages, tous fictifs, et leur relation au récit.
par exemple, on aura remarqué la présence d’un narrateur pas si omniscient qu’il en a l’air. ce dernier va même jusqu’à affirmer que david morneau est son «alter ego». sauf que le narrateur est en soi une créature de fiction, et que l’histoire prouve qu’on ne peut pas lui faire totalement confiance. et qu’au moment où il parle d’alter ego, c’est en fait diane l’hiver qu’il observe… diane l’hiver qui semble fasciner le narrateur, alors qu’elle énerve le réalisateur… «alter ego», qu’est-ce donc à dire? je me le demande bien…
quant à la raison qui m’a fait donner mon prénom à l’un des personnages principaux de cette histoire… le dialogue en fin de volume en est la cause principale. plus généralement, il faut savoir que les prénoms me fascinent. je choisis toujours assez soigneusement ceux de mes personnages, et encore plus dans printemps lunaire.
j’arrête là parce qu’honnêtement, tout ce que je voulais dire à ce sujet est déjà dans le livre. si j’interviens aujourd’hui c’est simplement pour rectifier une conception de mon livre qui me semble erronée. il reste que le mystère est l’allié du romancier, alors ne comptez pas sur moi pour vous dire précisément pourquoi j’ai raconté cette histoire de telle ou telle façon, et quelle est la signification de telle ou telle scène. ce serait tricher. à tout le moins, ne faites pas l’erreur de croire tout ce que je vous raconte…
August 16th, 2007, 9h40
aaahh, alors rien n’est vrai dans ton histoire? et moi qui attendait que le remake du matou sorte en salle…
August 16th, 2007, 19h21
L’autobiographie reste malgré tout de la fiction, je ne crois pas que l’on puisse être factuel à 100%.
August 17th, 2007, 14h39
…et la fiction est toujours un brin autobiographique de toute manière…
August 22nd, 2007, 8h30
Bonjour,
J’ai cherché une adresse de courriel pour vous joindre mais je n’en ai pas trouvé. Je voulais vous dire que je vais parler (en bien ;-) de votre blogue vendredi (31 août) dans le cadre du BlogDay 2007 (http://www.blogday.org/).
MM