de jijé à franquin, et inversement
Thursday, May 4th, 2006je n’avais pas lu les premiers spirou franquiniens depuis plusieurs années. quelque chose, difficile de dire quoi exactement, m’a récemment fait replonger dans ces vieilles aventures.
on peut voir ces volumes (en gros, la production précédant il y a un sorcier à champignac, 1951) comme une première manière franquin, dont l’auteur se départira nettement avec les récits subséquents. même lorsque franquin relâche plus tard son style, à l’époque de panade à champignac (1962), la cassure n’est pas aussi nette que lorsque l’on compare le sorcier à champignac d’avec radar le robot, créé à peine quatre ans plus tôt (1947).
pourtant, ce récit fondateur voit le jeune franquin démontrer une maturité déjà étonnante. son spirou est quasiment celui qu’on connaît aujourd’hui de façon canonique. seulement, des formes plus anguleuses (remarquons par exemple la joue de spirou, quasiment triangulaire, ou la contorsion des doigts en divers endroits) donnent un rendu d’une nervosité particulière que l’on ne reverra plus chez l’auteur. ce récit voit d’ailleurs le dessin de franquin s’adoucir peu à peu, et le spirou que l’on voit en fin d’aventure est graphiquement très proche de celui que l’on retrouvera dans le sorcier à champignac… on peut dire qu’avec ce récit, franquin a terminé de s’affranchir de l’influence de son maître, l’incontournable jijé. mais on verra que ce dernier allait répondre à son jeune loup de manière aussi charmante que singulière.