une année formidable (2e partie)
Wednesday, December 14th, 2005[pour la première partie, c’est par là.]
francis masse est un auteur dont l’oeuvre ne ressemble à rien. mais à tellement rien qu’on a beau aimer, on peine à savoir en dire quoi que ce soit. à la rigueur, voulant absolument le comparer à quelque chose, on le rapprocherait d’un goossens, mais en fait, tout ce que ces auteurs ont à voir ensemble est qu’ils demandent tous deux de leur lecteur une certaine perspicacité. (c’est-à-dire, peut-être, la capacité de lire ce qui n’est pas dans la BD elle-même.) mais les ressemblances s’arrêtent là: les deux auteurs ont une patte différente, un univers différent, des méthodes différentes.
de l’encyclopédie de masse (1982) on peut d’abord dire que c’est un petit désastre éditorial, du fait de pages beaucoup trop petites et pas toujours bien reproduites, rendant la lecture pénible à souhait. pas que masse soit un champion de la lisibilité. voyons par exemple sa calligraphie, impossible autant qu’inexplicable, alphabet tordu, châtoyé de sérifs, remplissant ses bulles jusqu’à leur extrême limite. voyons ensuite ses hachures envahissant chaque case, les faisant parfois ressembler à une obscure gravure médiévale, procurant une impression de lourdeur confinant à la nausée. voyons les rares couleurs, qui si elles ne sont pas sombres jurent avec leurs voisines. et voyons finalement la physionomie des personnage: tous pareils ou à peu près, hommes, femmes et enfants avec leur inévitable gros nez et leurs lunettes rondes. comme hier chez mathieu, on est dans un univers d’angoisse jusqu’à plus soif. mis à part qu’ici on en a pour presque 300 pages: une anatomie de l’angoisse, donc.