porter le carré rouge
Monday, April 30th, 2012voici une lettre que je viens d’envoyer au devoir. comme c’est une lettre ouverte, je la publie ici aussi.
Porter le carré rouge
Par David TurgeonJ’ai 36 ans, je travaille, je paie mes impôts. J’ai un enfant. J’ai été cégépien, il y a longtemps. Jamais universitaire.
Mes opinions politiques, habituellement, je les garde pour moi. Je ne crie jamais à tout va que je pense ci ou ça. Aussi, malgré mon opposition à la hausse des frais de scolarité que veut imposer le Parti Libéral, j’ai longtemps refusé de montrer publiquement mes «couleurs»: l’emblématique carré rouge.
Aujourd’hui pourtant, j’ai décidé de le porter tous les jours, ce carré rouge. Qu’on le voie, et qu’on le compte parmi les centaines de milliers d’autres déjà attachés aux vestes de Québécois jeunes et moins jeunes.
Pourquoi? Simplement parce que le Premier Ministre Jean Charest, non content de son refus de négocier avec les associations étudiantes, non content de ses blagues de mauvais goût, a choisi, comme manœuvre très peu subtile de division, de faire du carré rouge quelque chose comme «un symbole de violence».
Monsieur Charest, la seule violence que cautionne mon carré rouge est celle que l’aiguille inflige à la veste. Le carré rouge dénonce une hausse qui va à l’encontre du progrès social. Elle dénonce aussi l’idéologie qui la sous-tend, qui voudrait que l’éducation soit un bien marchand comme un autre.
Monsieur Charest, avec ce type de raccourci dangereux, sachez que vous nous incitez, nous contribuables (puisqu’apparemment c’est tout ce que nous sommes hors période électorale), à considérer le port du logo du PLQ comme soutien implicite aux pratiques mafieuses.
Le carré rouge n’est pas là pour convaincre qui que ce soit, mais pour ajouter à la seule force du nombre, cette force vive que le PLQ voudrait diviser au prix de manœuvres plus que douteuses.
Je porte le carré rouge, et je souhaite que d’autres le fassent, qui ne sont ni étudiants, ni professeurs, et qui disent NON au discours infantilisant d’un gouvernement fatigué, dont le seul espoir de réélection passe par une stratégie désespérée de division de l’électorat québécois.